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Publié depuis 11 mois

Inquiétude face à la fermeture de fermes québécoises

Par: Jonathan Bélanger

Le 12 avril dernier, l’Union des producteurs Agricoles a sonné l’alerte en annonçant que pas moins de 11 % des fermes québécoises songent à cesser leurs opérations d’ici les 12 prochains mois en raison de leur santé financière précaire.

J’aimerais aborder le sujet avec les éléments qui, selon moi, nous ont conduit là et dresser le portrait des conséquences possibles sur notre sécurité alimentaire si une telle avenue devait se produire. Enfin, je vais aborder humblement quelques avenues possibles pour améliorer la prospérité financière et la pérennité de nos fermes.

Avant de débuter mes explications, je tiens à vous exprimer la tristesse que j’ai ressentie suite à cette nouvelle. J’ai un profond respect pour nos fermières et fermiers du Québec. Leur travail est essentiel et le fruit de leurs efforts est noble. En plus de nous nourrir et de nous soigner, il nous procure tellement de plaisir et de réconfort. 

La flambée du coût d’acquisition des terres agricoles, des taux d’intérêt, des coûts de main-d’œuvre et d’intrants au cours des 3 dernières années a créé une situation précaire chez plusieurs fermes québécoises. La pénurie de main-d’œuvre que vivent la plupart des entreprises agricoles ajoute au fardeau des fermes d’ici. ll est facile d’imaginer que ce contexte économique limite l’accès aux terres pour les nouveaux acquéreurs et tout particulièrement pour la jeune relève. Depuis le début de la montée inflationniste des prix que nous connaissons, nos producteurs ont des réserves et du mal à transférer leur augmentation de coûts aux consommateurs, pour ne pas risquer de perdre des parts de marché. Ce qui mine évidemment leur rentabilité. Un impact direct de ces tendances, est l’aggravation de la situation dès le début de 2022 avec 10 des producteurs de Maturin qui ont fermé leurs portes pour diverses de raisons.

Les conséquences sur notre sécurité alimentaire

En réduisant le nombre de fermes québécoises, nous perdons évidemment une capacité de production de notre système alimentaire proportionnellement à leur capacité de production. Ce qui impacte directement, la sécurité alimentaire des Québécoises et Québécois en réduisant le volume de production. On devient ainsi plus vulnérable aux pénuries alimentaires et plus dépendant des réseaux de production alimentaire de l’extérieur du Québec et du Canada.

Autre conséquence non négligeable, cela affecte la diversité bioalimentaire en privilégiant certaines productions ou élevages à prix concurrentiels, voire à qualité moindre, sans considération de la région ou le pays de provenance pour répondre à la demande. Les importations d’aliments risquent d’augmenter pour maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande au grand dam de l’environnement. Les producteurs à grand volume, dans un souci de productivité et de rentabilité, pourraient aussi délaisser peu à peu des productions moins rentables et réduire ainsi la diversité des productions locales.

Enfin, force est de constater que les fermes à risque de cesser leurs activités sont beaucoup plus fréquentes au sein de la jeune relève agricole. Cela peut avoir des effets négatifs à court terme sur les fermes de la relève agricole actuelle, mais aussi à moyen et long terme sur le nombre de nouvelles entreprises agricoles. Un cercle vicieux que l’on veut absolument éviter. 

Des solutions possibles pour nos fermes

Une piste est de se concentrer sur ce que nous sommes en mesure de changer nous-mêmes. Ne laissons pas toutes les responsabilités à nos élus et soyons responsables de nos propres actions. Une avenue qui a fait ses preuves au sein de plusieurs chaînes de valeurs réside dans l’optimisation et la mutualisation des ressources et des services. Les fermes ont avantage à se concentrer sur ce qui crée de la valeur, c’est-à-dire la production et la transformation de leurs aliments et à créer des partenariats avec des entreprises qui peuvent leur offrir la gamme de services indispensables à la mise en marché — marketing, logistique, Les fermes peuvent ainsi se concentrer sur leurs activités prioritaires qui créent de la valeur ajoutée soit la production et la transformation et augmenter l’efficacité des actions commerciales. De fait, le coût d’opportunité des heures consacrées à exécuter des tâches commerciales peut être considérable pour les entreprises qui n’ont pas le personnel ni l’expertise pour réaliser optimalement ces tâches. En travaillant en partenariat et en partageant les tâches de façon organisée, l’efficacité et la pérennité de nos entreprises s’améliorent.

En privilégiant les circuits courts pour vendre leurs aliments, les fermes obtiennent de meilleures marges. Chaque dollar est important pour leur rentabilité et une meilleure rentabilité donne aux exploitations agricoles plus de marge de manœuvre pour investir afin d’augmenter leur productivité. Elles améliorent ainsi leur compétitivité par des prix plus concurrentiels et leurs produits deviennent plus attrayants pour les consommateurs. Grâce à une meilleure productivité, les prix de détail peuvent être réduits et ainsi devenir plus attrayants pour les consommateurs avec des prix plus bas.les producteurs peuvent accroître leur production et réaliser des économies d’échelle. Ce qui leur permet de vendre encore moins cher. Et lorsqu’ils vendent moins chez ils vendent encore plus et économisent sur les frais de transport qui leur assurent une plus grande profitabilité. C’est un cercle de l’offre et de la demande qui est très avantageux pour tous, en plus d’être plus écoresponsable et équitable. 

Les producteurs ont avantage à diversifier leurs productions en misant sur des productions qui peuvent leur rapporter des revenus à l’année, sans toutefois mettre leur production régulière de côté. L’entreprise Fraîcheur de Granby en est un bel exemple. Malgré le fait que la culture des tomates et des concombres bio de serre représente sa principale activité, l’entreprise fournit à l’année des verdures rares à l’année, comme les mescluns, les verdures de brocolis et de kale. Une autre alternative est de développer des productions de niche. Côté Fraise, productrice de fraises du Québec à l’année, et O’Citrus, productrice de fruits difficiles à trouver au Québec, comme le yuzu, la main de Bouddha, le citron caviar ou le sudachi en sont deux exemples. Tout comme elles, il faut sortir des sentiers battus et assurer des revenus à l’année.
Du côté consommateur, une mise en marché regroupée facilite l’accès à une offre variée de produits des fermes, ce qui peut avoir un effet positif sur la décision de choisir plus d’aliments produits au Québec dans nos paniers d’épicerie. Si chaque consommateur décidait de consommer 1 $ de plus tous les jours pour les aliments produits au Québec, imaginez l’impact que cela aurait sur la santé de nos fermes ! Ce serait déjà un point de départ fabuleux qui viendrait générer rapidement des ventes supplémentaires de 3,5 Millions de dollars par jour, soit près de 1,3 milliard de revenus supplémentaires annuellement répartie à travers nos 28 milles fermes québécoises. En moyenne chaque ferme toucherait un revenu supplémentaire annuel moyen de l’ordre de 45 000 dollars. C’est énorme ! 

Que nous soyons producteurs ou consommateurs ou les deux, nous avons le destin des fermes d’ici entre nos mains. 1 $ par jour de plus dans des aliments produits ici c’est si, et en même temps, tellement important. Prêt à relever le défi ?


Jonathan Bélanger 
Président fondateur de Maturin.ca

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